Le primaire s’étend de la 1re classe (6-7 ans) à la 6e classe. L’enseignement principal est donné par le professeur de classe et couvre les matières de base telles que l’écriture, la lecture et le calcul, le français, les sciences naturelles, l’histoire, la géographie, la physique (6e), etc, le tout déjà préparé par les activités pédagogiques au jardin d’enfants. L’enseignement vise à stimuler la curiosité de l’enfant, l’esprit d’initiative et son ouverture au monde à travers des activités de groupe où s’exerce l’art social (orchestre, choeur, art scénique, eurythmie).
Le début de la scolarité
Une attente joyeuse se lit sur les visages des enfants de la nouvelle 1re classe quand, devant toute l’école réunie pour les accueillir solennellement, leur professeur les salue individuellement avant de les conduire en classe pour le premier cours. Avec cette étape apparaît une nouvelle base d’apprentissage. C’est avec joie que ces enfants entendent à ce moment inoubliable qu’ils pourront maintenant apprendre ce que les adultes savent faire, apprendre à travailler de leurs mains comme les grandes personnes.
Le professeur de classe accompagne ses élèves pendant ces 6 années, menant chaque jour sa classe dans le cours principal. Cette continuité permet une compréhension profonde des forces et défis de chaque élève et nourrit le développement d’une dynamique sociale dans la classe. Le professeur de classe peut ainsi amener une cohésion dans le programme, intégrer les différents apprentissages au cours des années et renouveler constamment son intérêt.
L’enseignement des matières complémentaires est donné par des professeurs spécialisés et comprend l’anglais et l’allemand, enseignés de façon vivante par le biais de jeux scéniques, de chants, de poésie ou de situations vécues, le travail manuel, la peinture, la musique, l’eurythmie, le jardinage et le travail du bois. La pédagogie attache une importance égale aux activités intellectuelles, artistiques et manuelles, réalisant ainsi un équilibre vivant pour développer chez les enfants les facultés nécessaires à la vie en société.
La musique instrumentale débute pour tous avec la flûte à bec ou un instrument à cordes simple; d’autres instruments viennent se joindre au cours des années et forment un orchestre à partir de la 4e classe.
CLASSE 1 À 2
A cet âge, ce sont les rythmes vitaux de la respiration et du cœur qui dominent la vie intérieure de l’enfant. Tout ce qui s’exprime par les rythmes (par exemple: rimes et mesures), lui est profondément familier. L’enfant vit encore totalement lié à l’environnement et à l’image. De ce fait il apprend beaucoup par imitation. Le plan scolaire se fonde sur ces éléments, et toutes les matières enseignées sont complémentaires et coordonnées.
Pour amener l’enfant à s’exprimer correctement dans sa langue maternelle, distincte du parler familier, l’enseignant raconte de nombreux récits et contes dans un langage clair et bien articulé. Il les choisit en fonction des différents tempéraments de ses élèves. Ainsi, chaque enfant se sent concerné et imite son enseignant avec enthousiasme.
La souplesse des organes de la parole à cet âge et la faculté de l’imitation permettent à l’enfant de se lier aisément aux langues étrangères. Dès la 1re classe, l’anglais et l’allemand sont introduits sous forme de chants, jeux, rondes et poésies. L’oreille de l’enfant se familiarise avec les rythmes, sons et mélodies des langues. Pendant trois ans, l’enseignement de ces langues restera exclusivement oral. L’enfant baigne par ailleurs dans une ambiance musicale avec l’apport de très nombreux chants et l’apprentissage de la flûte pentatonique.
CLASSES 3 À 6
Le milieu de l’enfance
L’enfant de cet âge (8/9 ans) vit une transformation importante: il quitte l’état en quelque sorte «paradisiaque», où il formait une unité avec son environnement. Il va prendre de la distance par rapport à son entourage et commence à regarder le monde en observateur. Sa conscience personnelle s’affirme, et sa vie intérieure se singularise. L’enseignement tiendra soigneusement compte de ce passage.
L’éveil aux métiers, le travail à la ferme et la construction d’une maison, le mettent très concrètement en contact avec ce que l’homme peut réaliser de ses mains, tout en étant étroitement lié à la nature.
En 4e classe, les élèves vont travailler d’une manière plus personnelle. En particulier dans la réalisation d’un dossier sur un animal de leur choix. Les langues étrangères sont maintenant abordées à l’écrit.
En 5e classe, ils découvrent les principales figures géométriques (triangle, quadrilatère, etc) qu’ils tracent encore à main levée. L’enseignant aborde par ailleurs l’étude du monde végétal, au cours de laquelle chaque élève est amené à réaliser un exposé sur une plante ou un arbre de son choix.
En 6e classe à 12 ans, «l’âge romain», l’élève prend conscience de sa réalité de citoyen, avec des droits, mais aussi des devoirs. Cela est particulièrement vivant dans la civilisation romaine, avec son organisation, ses lois, son œuvre constructrice et édificatrice. D’autre part, l’élève entre dans l’observation plus consciente de phénomènes physiques qu’il expérimente depuis sa plus jeune enfance: les sonorités (acoustique), l’ombre et la lumière (optique), la chaleur, l’électricité et le magnétisme. Peu à peu il va découvrir par lui-même les lois de ces domaines familiers. C’est aussi dans cette classe que débutent les ateliers bois et jardinage.
DESSIN DE FORMES
Lorsque Rudolf Steiner créa la première Ecole Steiner-Waldorf, il y mit deux matières nouvelles qui ont toutes deux à voir avec la forme et le mouvement: l’eurythmie et le dessin de formes. Le dessin de formes (l’Ars lineandi du Moyen-Age) est une des plus anciennes formes d’art de l’humanité. Les pierres gravées du néolithique ou de l’âge de bronze, les arts lombard et irlandais de la gravure sur pierre et de l’enluminure sont les expressions de cet Ars lineandi.*
Une des caractéristiques de notre pédagogie est qu’elle procède d’une façon artistique. Au sein de notre pédagogie, dès la 1re classe, la découverte de l’écriture se fait à partir du dessin de formes – tracé graphique alliant courbes, droites et entrelacs – avec toute la liberté d’investir l’espace de la page et de prendre ainsi sa place. Puis, le dessin de formes amène à la géométrie, d’abord à main levée puis avec des instruments en une progression douce passant de l’art pur à la géométrie.
Par le dessin de formes, l’enfant prend possession de l’espace. Progressivement, l’enfant ne vivra pas seulement dans la reproduction d’un geste unique mais développera le sentiment pour un équilibre dans la forme, une qualité d’unité, d’harmonie dans la complémentarité. L’enfant apprendra à découvrir que la ligne ne représente pas seulement un contour mais qu’elle est au contraire l’expression d’un jeu de forces internes. La ligne devient vivante, elle s’éveille à la vie.
* c. f. Rudolf Kutzli, Le dessin de formes, éditions Les trois arches
EURYTHMIE
“L’eurythmie fut créée au début du XIXe siècle (1912), dans la mouvance d’une révolution culturelle, sociale et politique qui remettait en question tout héritage traditionnel. La littérature, la musique, la peinture, l’architecture et la sculpture, mais aussi le théâtre et la danse vivaient des changements radicaux. Dans tous les domaines, on cherchait de nouvelles sources d’inspiration et de nouvelles règles esthétiques. […] C’est dans ce cadre si particulier, fragile esquif secoué dans la tourmente de la Première Guerre mondiale que se développa l’eurythmie, cette expression de ‘l’âme qui parle’.”*
Dans les petites classes, l’eurythmie reprend les mouvements liés à la nature permettant aussi à l’enfant de plonger dans un monde imagé. Il devient papillon, soleil ou vent, petit renard ou princesse… Rapide ou lent, léger ou lourd, élégant ou maladroit, tantôt enthousiaste, tantôt accablé, au rythme de mélodies et de poèmes chaque personnage, chaque élément va se mouvoir. En se glissant dans son rôle, l’enfant se relie de tout son être au monde environnant.
En 4e classe, en calcul, l’élève aborde les fractions. L’eurythmie va être une aide dans ce domaine. L’élève marche les rondes en musique, d’abord à pas lents et assurés, puis il va placer deux, trois, quatre voire huit pas sur le temps qui était auparavant imparti à un seul. C’est aussi à cet âge que l’élève prend conscience de l’espace qui l’entoure.
En 5e classe, l’eurythmie va permettre à l’élève de vivre la légèreté, l’harmonie de son corps à travers des danses, des rythmes, des musiques fluides et variées: ces qualités correspondent à l’étude de la Grèce antique, abordée dans le cours principal.
Les élèves pratiquent l’eurythmie jusqu’en 13e classe, où les activités intellectuelles ayant pris le dessus, une pratique eurythmique devient un bol d’air frais.
* L’Eurythmie, Parole visible, Rudolf Steiner. Editions Triades Poche
RYTHME DE LA JOURNÉE PRIMAIRE
Voici comment se déroule une journée-type en primaire dans notre école :
8h – 8h10 Accueil des élèves dans l’école par un professeur
8h10 – 10h Cours principal par périodes de deux à quatre semaines: français, calcul, histoire, géographie, histoire, sciences naturelles, etc.
10h – 10h20 Récréation
10h20 – 12h Cours de branche par tranches de 45 minutes: anglais, allemand, musique, orchestre, eurythmie, etc.
12h05 – 13h Repas en groupe de classe à la cantine et récréation
13h05 – 13h50 Cours de branche
13h55 – 15h30 Sport ouAtelier: art, travaux manuels, jardinage, bois
En 1re classe, les élèves n’ont pas cours l’après-midi mais passent un après-midi en forêt par semaine, en 2e classe, ils ont un après-midi de cours et un après-midi en forêt par semaine, en 3e deux après-midis de cours, en 4e et 5e trois après-midis et en 6e quatre après-midis (sauf le mercredi).